vendredi 11 mai 2007

[film] Crustacés & Coquillages

Ce film commence comme un mauvais film français de base, une famille moyenne (un papa, une mama, un fiston, une fifille) vont passer les vacances dans la maison d’enfance du père. Une histoire qui commence de manière banale, écrit et réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau, deux jeunes auteurs français. Un couple qui s’aère aussi. Mais il y a d’emblée certains détails qui font tilter dès le début. Le jeunot qui commence à se branler tranquille sur une petite musique badine, et qui va mine de rien enclencher tout un phénomène narratif sur un truc fabuleux, le ballon d’eau chaude, élément essentiel de la vie en vacances et donc de ce film. Puis il y a aussi les phrases qui sont répétées tout au long du film qui servent de repères comme celles sur les violets (les fameux coquillages).

Mais de suite, la schématique va se chambouler une première fois quand le meilleur ami de Charly, le fils vient pour passer les vacances avec la famille. Les parents se posent de suite des questions, tellement « ça crève les yeux ». Et ensuite, la fille va se casser « s’envoyer en l’air au Portugal avec un motard !! » dixit Marc, le père paumé (Melki, excellent, je vais le dire souvent, il faut vous y habituer) La mère semble s’en sortir mieux que le père « parce qu’elle est hollandaise » Donc a déjà le premier thème de l’homosexualité qui apparaît, et si au départ il est abordé très lourdement, avec pas mal de clichés (la définition ridicule du « coming out ») s’affine et finit le film avec une justesse rarement filmé.

Arrive ensuite le deuxième intrus, Mathieu (Jacques Bonnaffé), l’amant de Beatrix, la maman d’origine hollandaise ce qui explique le prénom ridicule qui vient faire valoir ses droits, tout en se faisant passer pour « un amant de vacances » qui surgit à l’improviste. Le couple se trouve redéfini, le mari devient cocu, mais toujours aimé et encore plus attachant. L’amant est encore plus cocu. Et Beatrix, en devient encore plus innocente. Tout va pour le mieux, mais cela dure un temps. Martin, le meilleur ami qui est réellement pédé a du mal à faire croire aux parents qu’il sort avec Charly qui lui ne l’est pas. Ensuite, Mathieu, va poser des problèmes à Beatrix. Seul reste, Marc, totalement impuissant aux infidélités de sa femme, puisqu’il n’est pas au courant, et aux supposés problèmes de sexualité de son fils.

Puis viendra le dernier intrus, Didier, le plombier homosexuel (Jean Marc Barr, égal à lui même), que Charly et Martin rencontrent « au coin des pédés » qui va foutre encore plus la merde avec des vieilles histoires, et je me tairais pour ne pas gâcher les surprises du film.

Ce qui me plait dans ce film, ce sont surtout les petits détails. Les phrases répétées plusieurs fois par différents personnages dans un contexte qui change, l’humour léger, qui contraste grandement avec les comédies bien grasses made in France, la musique badine et discrète, les scènes qui comme les phrases se répètent suivant les personnages (la fameuse scène de la branlette sous la douche, que tous les personnages expérimentent). Le film souffre autant qu’il joue avec les clichés, sur les homos, les ados, les garagistes, les hollandais. Certains dialogues font too much, mais les acteurs sont tous bons. Les ados jouent maladroitement quand ils doivent dire des trucs trop adultes mais paraissent sincères la plupart du temps. Valeria Bruni-Tedeschi joue très bien la polygames innocente et décomplexée, voire un peu cruche par moment. Mais surtout Gilbert Melki, l’excellent Melki, en père déboussolé, en hyperactif colérique, en mari cocu, en amoureux, en beauf moderne... beau, juste et extrêmement drôle, comme toujours.

Un film qui comme toute comédie romantique se termine bien., car si on devait la classer ce serait une comédie romantique à plusieurs voix, loin du « drame de société » que l’on aurait pu trouver avec des thèmes pareils. Ca se termine bien, mais pas de la façon dont on s’attend au début. Une fin très originale, qui se termine en comédie musicale (les réalisateurs avaient déjà réalisé « Jeanne et le garçon formidable » comédie musicale sur le sida) et qui clôture avec une vision originale de la famille, de la sexualité avec une ouverture d’esprit qui frôle l’optimisme niaiseux (mais un peu de cucul fait pas de mal)

Un film pile poil entre le petit film sympatoche qu’on oublie vite et le grand film à la française que l’on prime aux Césars ou dans n’importe quel festival de cinéma. Un film qui pourrait laisser indifférent s’il n’y avait ce je ne sais quoi d’insouciance, d’originalité, de bonheur non conventionnel. Un film léger, doux, drôle, juste et qui donnent terriblement envie de partir en vacances sur la côte d’azur.


Pour voir la bande annonce, des extraits et ce genre de connerie :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=57625.html

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