mercredi 6 juin 2007

[Chronique] Justice - †

Il y a deux ou trois mois je vous avais parlé d’un groupe de musique électronique qui commençait doucement à percer et dont l’album n’était pas encore sorti. Ce groupe, c’était Justice. Et aujourd’hui lundi 11 juin, sort leur premier album attendu par une bonne tripotée d’auditeurs français, sobrement intitulé « † » (ou dans notre jargon « petite croix ») En quelques mois, Justice, jeune espoir français, a réussi à se transformer en une énorme machine encensée de toute part, multi-diffusée, adulée et qui va nous sortir le meilleur album sorti pour le moment en 2007.

Retour en arrière. Surfant sur l’énorme buzz provoqué par la réaction des médias après leur ep « Waters of Nazareth », single bourrin, efficace qui semblait présenter Justice comme un groupe descendant directement du « Homework » de Daft Punk et mixant allégrement leurs origines techno et rock, ils rallient l’écurie « Ed Banger records » de Pedro Sanchez, grand mécène de toute la scène french touch, seul manager exigeant des Daft Punk (habituez vous à entendre souvent ce nom) et DJ pas trop nul. Ensuite, ils font ce que doit faire tout bon groupe d’électro pour percer, ils nous sortent quelques-uns des meilleurs remixes de ces six derniers mois, notamment l’épileptique « Me Against The Music » de Britney Spears, les remixes de Daft Punk, Mr. Oizo ou le tube « Never Be Alone» en collaboration avec Simian Mobile Disco. Mais le grand boom est survenu quand Justice a sorti le single « D.A.N.C.E. », tube immédiat, diffusé sur toutes les radios, des plus pointues aux plus généralistes, avec un clip psychélico-textile et des influences discos alors insoupçonnées, un carton, tout le monde l’adore déjà. Un mois avant la sortie de leur album, ils ont commencé une tournée mondiale des clubs et cet album, et devinez quoi, grâce à la magie d’Internet (merci SexToy), je l’ai depuis un mois.

Avant de vous dire à quel point cet album est merveilleux, je vais vous dire ce qu’on retrouve de déjà connu : « D.A.N.C.E. » et « Waters Of Nazareth » bien évidemment, les face B « Let There Be Light » et « Phantom [Part 1] » qui se voit agrémenté d’une deuxième partie, et le titre « One Minute To Midnight » qui était sorti sur la compilation « Toxic ». Vous ajoutez à cela sept chansons et vous avez le merveilleux premier album de Justice. Les trois premiers morceaux assènent un grand coup : « Genesis » mixant une rythmique à la « Thriller » de Mickael Jackson et une intro impériale qui annonce la couleur : c’est puissant, c’est funky, c’est dans la directe descendance des plus grands, c’est fait pour régner. « Let There Be Light » extrêmement bien insérée dans l’album calme le jeu pour mieux enchaîner sur « D.A.N.C.E. » chanson gargantuesque, inqualifiable, avec évidemment des chœurs d’enfants (la marque fabrique de toutes les bonnes chansons), une touche retro irrésistible, des paroles qui vous rentrent de suite dans la tête pour ne plus en ressortir, une des meilleures chansons de 2007. « New Jack », chanson se rapprochant un peu trop du versant de Daft Punk que l’on n’aime pas trop (« Discovery ») fait le lien avant les deux « Phantom » aussi intitulés « Vitalic va te rhabiller » tant ces sept minutes surpassent tout ce qu’a pu faire le Dijonnais (et c’est un exploit quand on sait à quel point il est bon). Puis vient l’insouciante « Valentine » qui rappelle plus le générique de « Au pays de Candy » qu’autre chose, une chanson très belle, pure qui rappelle les contes de Miyazaki ou un retour à l’enfance tendre et réconfortant. On enchaîne deux morceaux avec chant, donc avec featuring mais évidemment l’album n'est pas sorti quand j’écris ces lignes donc je ne sais pas qui c’est. « The Party » chantée par une femme qui rappelle un peu Princess Superstar et « DVNO » chantée par un homme qui rappelle un type qui chante dans un vocoder donc cela peut être n’importe qui, même eux si ça se trouve. Bizarrement ces deux chansons cassent un peu le rythme, tout en restant honnêtes. Elles sont quand même très bien mais le problème majeur vient du fait qu’elles ne sont pas géniales comme les huit ou neuf autres. A partir de là, il reste trois chansons. On est déjà sur le cul quand « Stress » commence car comme son nom l’indique, c’est un morceau stressant, rapide, strident : un rythme binaire accompagné d’un sifflement qui fait la peur, de violons synthétiques, d’un train à vapeur, et qui se termine sur une nappe de piano à la « Valentine », toute douce. On comprend tout de suite après que cette chanson géniale servait juste de démarrage à l’autre single dantesque de l’album : « Waters Of Nazareth » le morceau de Hard Rock électronique ultime, qui était déjà fabuleux en single et qui ici prend tout son sens, gagne en intensité et achève l’auditeur déjà en sueur et en pleurs. Et c’est pas fini !! A ce stade j’étais déjà convaincu que je tenais l’album de l’année quand m’arrive en pleine gueule « One Minute To Midnight », parfaite tout simplement, la BO ultime de n’importe quel film bien foutu, rien est à jeter, tout est millimétré et cette chanson possède un rythme totalement irrésistible, ça y est, je suis mort. Réanimation. Repeat.

Je pourrais être encore dans la fièvre de la découverte, une bonne impression qui retombe après quelque temps, c’est déjà arrivé (spéciale dédicace à The Good, The Bad & The Queen) mais non. Mon LastFM est catégorique, j’ai déjà écouté Justice 140 fois, on peut multiplier ce nombre par deux pour la clé usb. Tous titres ont été écoutés au moins vingt fois dans toutes les situations possibles. Après plusieurs semaines d’études il n’y a plus aucun doute : je tiens mon album de l’année. Oui, déjà dès juin, je peux dire que rien ne surpassera cet album en 2007. RIEN ! Un album qui contient huit singles potentiels sur douze ! Un album qui surpasse toute concurrence dans l’électro ! Un album aussi bon que le « Homework » de Daft Punk (et ça fait douze ans qu’on attend ça) ! Un album qui redéfinit la musique électronique française, qui crée une nouvelle manière de voir, décomplexée, libérée pour en finir avec l’electronica intellectuelle qui traîne des pieds ! Un album qui ferait danser ma grand-mère paraplégique mieux que Justin Timberlake (et pourtant ma grand-mère adore Justin Timberlake) ! Un album fait par deux sales gamins, donc parisiens, qui s’amuse avec les codes du disco, de la dance music, du christian rock, du heavy metal... Des gosses qui se permettent de réussir tout et de faire un pied de nez à tous les vieux groupes qui s’enlisent dans leurs vieilles formules tout en faisant signe aux autres copains de la bande que la voie est libre et dégagée. Préparez-vous pour la bataille, l’électro française prend un coup de boost, elle a oublié son cerveau mais putain quelle énergie !

http://www.myspace.com/etjusticepourtous

Et cerise sur le gâteau, Justice sera à Dour !! Oui, Dour, le festival officiel du secteur RCK (quoi, vous saviez pas ?) en compagnie de toute la team Ed Banger. Hallelujah !!!