vendredi 25 mai 2007

La corrélation entre équitation et musique

Quand on se fait chier des fois, on fait des trucs débiles.

Donc voilà pour vous, les poons (ouais j'apprends vite) et les RCKiens, un super méga best-of des chansons avec le mot "cheval" et ses dérivés dans le titre ou le nom du groupe. Je sais c'est très con.

Puisqu'on est dans le débile, autant assumer donc pour commencer voilà le fabuleux clip (très très moche) de la fabuleuse chanson (très très conne) de Big and Rich : "Save a Horse (Ride a cowboy)" qui propose une alternative agréable à la balade équestre.

http://www.youtube.com/watch?v=doF19W6Dp8k

Ensuite, je vais parler de la très célèbre chanson "The Horse With No Name", premier single et plus gros succès du groupe de rock fadasse américain America !!

http://www.youtube.com/watch?v=EL6Bil2kuIY

Une chanson de George Brassens, "le petit cheval", pas une de ses meilleures, d'une joie de vivre à faire frémir un vautour. C'est un poème de Paul Fort mis en musique (si on peut dire ça) par Brassens.

http://www.youtube.com/watch?v=N1LCe0F0vwU

Il y a aussi la chanson "Poney (part 1 & 2)" de Vitalic, l'album "White Pony" de Deftones, "La Jument de Michao" par Tri Yann, "Horse" de Neil Young, le groupe 16 Horsepowers... et bien d'autre.

Et donc maintenant en cadeau, une petite tournée de MySpace.

Avec pour commencer le groupe électro-crétin Pony Pony Run Run, assez inoubliable avec son myspace tout rose et ses chansons riches en sucre.

http://www.myspace.com/ponyponyrunrun

Puis le groupe de rock garage The Ponys, qui envoie légèrement du bois et qui a aussi un myspace rose (Est-ce un hasard ou il faudra aussi faire la corrélation entre la couleur rose, l'équitation et la musique ?)

http://www.myspace.com/ridetheponys

Et pour finir le très bon groupe de Mark Linkous, Sparklehorse qui plaira aux amateurs de ballades folk, pop, des grands espaces américains.

http://www.myspace.com/sparklehorse

CADEAU BONUS : Le générique du dessin animé "Petit Poney"

http://www.youtube.com/watch?v=IrMPlA08PFc

Et donc après la lecture de ce dossier finement torché, à la lumière du succès de ces groupes, pensez vous qu'ajouter le mot "cheval" ou un de ses dérivés dans le nom de la chanson ou du groupe ajoute un plus, artistiquement et commercialement ?

[Débat] Où sont passé les auteurs ?

Bonsoir, bonsoir, chers amis d’ETC, chers compatriotes d’RCK. Je vais vous relater un épisode bien sombre de l’histoire du rock.

« Les paroles de chansons n’ont plus aucun sens, la poésie a disparu. Seule compte la mélodie !!! » annonçait l’alarmante une du journal de ce matin. En couverture une photo noire et blanche de John Lennon et de Jim Morrison en photo montage avec en slogan « Où sont les héritiers ? ». Cela créa une polémique sans précédent, des émeutes se déclenchèrent dans tout le pays, mais il fallait se rendre à l’évidence : La mélodie avait envahi le rock, le sens des paroles était devenu minoritaire, voire perdu. La poésie avait quitté le rock depuis belle lurette.

Alors qu’à ses débuts le Velvet Underground s’inspirait de Burroughs, Jim Morrison devenait poète, John Lennon et Paul McCartney écrivaient des chansons belles comme le jour ou complètement stupides pour désorienter les analystes (« I Am the Walrus »), Puis avec les années 70, la musique a commencé à devenir plus importante que ce soit du coté du glam, Bowie et ses copains, ou du hard rock, Black Sabbath, Led Zep et cie... Evidemment avec le punk on réécoute les paroles, braillées par ses adolescents mal-dégrossis revanchards et voulant cramer l’abbaye de Westminster et Buckingham Palace... mais surtout grâce à toute la mouvance New Yorkaise, articulé autour de Patti Smith, qui déclame des poèmes magnifiques autant qu’elle écrit des chansons rageuses. C’est la fin de l’influence des poètes de la génération beat.

Mais des les années 80, mis à part quelques exceptions (dont les Smiths et leurs fabuleuses chansons teintées de cynisme et de désespoir), les paroles se cassent... Il n’y a plus rien tout est vu et revu. Les années 90 n’arrange rien : Noir Désir, Radiohead, Kurt Cobain se démarque mais n’arrive pas à la cheville des ancêtres... Un seul peut-être arrivera aux portes du panthéon des poètes rock : Jeff Buckley. Mais c’est surtout sa voix cristalline que le public retiendra. Un autre camarade, suicidé lui aussi, peut revendiquer ce statut : Elliott Smith.

Mais après la mort de ses deux-là, qu’est-ce que l’ont retient la plupart du temps dans les paroles d’une chanson ? L’engagement politique, l’engagement pour les libertés... Plus aucune remarque sur le style d’écriture, seulement une dictature de la mélodie. On ne chante plus pour dire quelque chose mais pour coller à la musique.

Qui peut me citer un grand auteur dans le rock actuel ? Qui peut produire de nombreux textes de qualités, je parle pas d’un gugus qui sort une chanson magnifique, non ça arrive encore. Mais où sont les auteurs ? Nick Cave, Jarvis Cocker, Neil Hammond sortent pas mal, chez les francophones Miossec et surtout Dominique A peuvent se targuer d’être dans la juste lignée de Gainsbourg, Brel et consors. Mais la multiplication des groupes n’a pas amélioré la qualité générale des paroles et il semble que ce qui a toujours été un peu secondaire au rock, soit carrément mis à l’écart !

D’abord quelque chose de fun, de facile, comme une mise en bouche donnez-moi le plus beau texte de chanson selon vous (un petit extrait et le nom de la chanson suffiront, on va pas pourrir la propa de longues répliques rébarbatives) avec ou sans explication, sans gênes et avec modération sur les liens youtube.

Ensuite, j’aimerai savoir votre opinion sur ce sujet, vous, mélomanes et amateurs de belles lettres. Donnez moi des exemples, des contre-exemples, je n’ai fait que survoler un sujet sur lequel il y a tant à dire.

vendredi 11 mai 2007

[Chronique] Björk - Volta

Découvrir un nouvel album de Björk est pour moi toujours un plaisir attendu depuis longtemps. J’avais hâte d’écouter la nouvelle livraison de la grande dame islandaise deux ans après son « Medullà » tout en bouche et en rythme et après une bande originale énigmatique « Drawing Restraint 9 » Et je ne suis ni déçu, ni surpris par ce sixième album studio en quatorze ans de carrière solo où Björk, une des voix les plus atypiques de la musique contemporaine et une musicienne talentueuse, nous fourni un album à la hauteur mais pas révolutionnaire, une nouvelle page à défaut d’un nouveau chapitre.


Depuis quelques années, l’Islandaise est rentrée dans la phase 2 (ou 3, selon les interprétations) de sa carrière solo, après avoir sorti trois premiers albums éclectiques, regroupant pop, électro, trip hop et techno furibarde et explosant tous les carcans de la musique mondiale. Celle-ci c’était calmée en sortant quasiment en même temps la bande son de « Dancer In The dark », film où elle tenait le premier rôle et le magnifique « Vespertine », sorte de grimoire rempli de neige, de coton, de cristal et de souvenirs anciens. Un album presque de musique classique qui mettait fin, je le croyais, à la première période prolifique de l’Islandaise. Elle ne sortait plus que des best-of’s, des coffrets de raretés, des quadruple lives, des dvd’s en tous genres. Puis enfin, on entendit reparler d’elle : cette dernière après avoir découvert une fabuleuse chorale d’inuit et une consœur à la voix aux particularités stupéfiantes (Taqag) eut l’idée de faire un album dont tous les composants seraient issus de la voix humaine. Pour cela elle fit appel à un casting monstrueux, à des voix toutes hors du commun, des beatboxers fous (Mike Patton, Robert Wyatt, Dokaka, Rhazel...) et nous sortait un album concept, totalement différent du précédent mais directement dans la lignée de celui-ci. Je m’explique. Si on devait facilement définir un thème pour chaque album de Björk, ce serait un organe, un composant vital du corps. Après nous avoir sorti un album sur le cerveau et la mémoire (« Vespertine ») et un sur la voix et le souffle (« Medullà »), Björk nous sort aujourd’hui un album qui vient des pieds, du cœur, des viscères, un album de sang.

Là après cette petite introduction, tu vois que je maîtrise mon sujet, mais tu restes perplexe et tu demandes une explication. D’abord premier constat, elle n’a pas abandonné l’idée de faire travailler pour elle toute une cohorte de musiciens doués venus des quatre coins de la terre. On retrouve là des musiciens congolais (Konono n°1), une joueuse de pipa, une sorte de luth chinois (Min Xiao-fen), un joueur de kora (Toumani Diabaté, deuxième africain de la bande, un continent qu’elle avait délaissé jusque là) et plus près de nous l’immense producteur Timbaland qui a coproduit et coécrit deux titres et l’immense nouveau talent, le chanteur Antony sans ses Johnsons... Et comme d’habitude elle évite le piège de l’album de world-music trop facile, se concentrant pour créer un album indéfinissable où les talents de chacun sont utilisés à leurs juste valeurs.

Au-delà de cette armée de collaborateurs, c’est toujours Björk qui est maître de son album, commandante je dirai même. Parce que c’est bien dix chansons guerrières qui nous sont offertes, des chansons remplis de cuivres (par une section entièrement féminine), de rythmes martiaux, de cris de guerre, des chansons martelés avec les pieds, des chansons de terre. Car Björk est surtout en colère, et cela faisait longtemps, depuis « Homogenic » à vrai dire, qu’elle ne l’avait pas laissé s’exprimer de manière aussi violente, brutale et sournoise. Elle se fait cynique, crache au visage de la noirceur et elle nous assomme avec une chanson digne de « Pluto » : « Declare Independance », synthétique et électronique où la production se veut rythmée mais indansable à part pour une tribu sur le pied de guerre. On ferme les yeux, et on voit des avions, on entend des sirènes, on imagine la diva Björk sur son estrade nous hurler des ordres (« Make Your Own Flag !! »). Il y a aussi « Dull Flame Of Fire », une chanson basée sur une montée en puissance des cuivres et des deux voix qui montent lentement pour s’élever vers la colère refoulée. Deux voix, car depuis bien longtemps, Björk nous livre un vrai duo, avec Antony, qui est tout simplement magnifique à en pleurer. Leur voix se complète à merveille (Björk fait l’aigu, Antony le grave, choix surprenant quand on sait que les deux n’ont pas de facilité particulière dans ces registres) En plus de ces deux chefs d’œuvres immédiats on retrouve tout un lot de bonnes chansons : l’intro faussement dansante « Earth Intruders », « Vertebrae By Vertebrae » étrange descente aux enfers qui résonnent dans notre tête. Et tout un lot de chansons typiquement Björk comme « Wanderlust » tout en sirènes, échos et radars ou « My Juvenile » sublime conclusion en canon.

Cet album ne surprend pas, et ce ne sera sûrement pas un grand tournant dans la carrière de Björk mais il comporte encore son lot de chansons magnifiques, d’expérimentation sonores audacieuses et surtout cette voix qui ne faiblit jamais, une voix fabuleusement hors norme, magnifique (il y a ses détracteurs et c’est ce qui la rend encore plus parfaite, vu qu’elle ne peut pas laisser indifférent) qui vous prend au cœur, au corps comme elle laisse s’exprimer le sien. Un album à peu près aussi bon que « Medullà » ce qui nous fait penser qu’elle est rentrer dans un rythme de croisière tranquille et qui correspond bien à ses changements de vie à 41 ans. La fougue a laissé place à une certaine maturité. Malgré cela, comme je l’ai dit cet album est teinté de colère mais d’une saine colère réparatrice, venant du profond du cœur de la dame, mais aussi un album de terre, de guerre, de pieds qui martèlent le sol. Et composé de sang qui circulent aisément des pieds au cœur pour mon plus grand bonheur.

La dure vie de second rôle qui doit mourir

Je suis né à peu près à la même date que le héros, ou alors je suis son père ou un descendant direct, j’ai des liens particuliers avec lui, que ce soit de la haine ou de l’amour. Je suis un homme, le plus souvent. J’ai peut-être niqué sa copine aussi, mais ça c’est moins probable. Je suis très utile dans la première moitié du film, pour déconnecter le réseau de sécurité de la base ennemie, pour expliquer à tout le monde que les requins génétiquement modifiés c’est le mal (oui mais Samuel, il fallait pas le faire devant la seule issue sous-marine), ou même donner le nom des dinosaures et ainsi fournir la caution scientifique à la piètre suite d’un film à succès (Serpent venimeux ou T-Rex, il y a des choix difficiles dans la vie, même sous une cascade), pour illustrer la jalousie, pour démontrer un choix difficile, pour faire marrer des fois aussi... Mais je meurs, c’était marqué sur ma gueule que je devais crever. T’étais là, dans ton cinoche à regarder ton film. Tu m’as vu et t’as dit à ta meuf ou à ton pote « Combien tu paries que lui il crève ? », et ils ont acquiescé, les salauds.

Parce qu’il y a besoin d’une dose d’émotion, le meilleur ami du héros doit mourir !!! Mais pas sa meuf ! Qu’il connait depuis trois semaines, et qu’il garde parce qu’elle est super bonnasse et que jamais un généticien, un archéologue/journaliste/aventurier ou un chercheur en biologie moléculaire n’arrivera à trouver mieux. Alors que moi, MOI, je le connais depuis tout petit, on volait des bonbons ensemble. On a été à l’école ensemble, c’est moi qui lui donnais les réponses. On a monté ce projet de manipulation génétique destiné à guérir le cancer tous les deux (et avec un budget de l’armée croate, va savoir pourquoi) et pourquoi je vais devoir mourir ?
Parce que c’est moi qui aie cru en ce projet et que cette chochotte était réticente.

Pour tous ces blablabla caution morale et l’éthique de l’espèce humaine, alors qu’on avait la découverte à portée de main. Et c’est cette chochotte qui va pleurer comme une madeleine en m’envoyant une rafale de balle quand je me serai transformé en zombie ou en frite sanguinaire géante. Tout ça pour le bon vieux temps, je te parie même que le scénariste il va nous coller une scène où on nous verra tous les deux supers potes, genre on va à la pêche, on drague des minettes, on trouve la formule de la composition moléculaire de l’élément manquant à l’antidote de la dégénérescence des cellules lors de manipulation génétique de l’opération de clonage.

Je pourrais aussi me sacrifier, sortir des « laisser moi, je vais vous ralentir », faire le héros alors que je peux pas. Ben oui je suis trop gros, ou j’ai des lunettes... en tout cas je suis plus moche que lui et j’ai pas des meuf... ou alors une depuis longtemps qu’on voit qu’au début quand on est heureux ensemble, et à la fin quand ce connard de héros va voir ma femme et mes cinq gosses en bas âge pour leur annoncer que je suis mort en héros dans l’explosion du réacteur 5, ou dans la chute tragique de mon appareil sur une île japonaise, ou dans l’éruption du super volcan endormi depuis des lustres... Il y aura des cris, des pleurs, des « Pourquoi ? Pourquoi ? » Ou alors c’est tout simplement parce que je suis le seul noir dans la distribution du film.
Des fois, ils en mettent deux et ça fausse les pistes, on peut en tuer un avant l’autre. Heureusement je suis blanc, j’ai déjà plus de chances de m’en sortir, mais à quel prix ? Paralysé ? Amnésique ? Transformé en zombie, attaché au fond du jardin et condamné à jouer à la Playstation 2 ?

Non, non, je m’insurge, je ne veux plus servir de faire valoir et de pic émotionnel dans la trame scénaristique, je ne veux plus avoir tout le temps les mêmes acteurs... Même si certains sont très bon je tiens d’ailleurs à remercier Willem Dafoe, Geoffrey Rush, François Berléand, Alan Rickman, Ed Harris, Ice Cube, Jeanne Moreau, Jeff Goldblum, Benicio Del Toro, Quentin Tarantino, Edouard Baer, Tom Waits, Mathieu Amalric, Mufasa, Owen Wilson, Mista Isaac, Tony Curtis, Kevin Spacey, Samuel L. Jackson, Robert Carlyle et bien d’autres encore (rajoutez-en) de m’avoir si bien interpréter tout au long de ses années, d’avoir la gueule pour. C’est à dire une beauté toute relative, une beauté pleine de défauts (parce que je peux pas être moche, je suis dans un film quand même) et pas la gueule parfaite du bellâtre qui va s’en sortir. Mais de toutes façons ceux là s’en foutent parce qu’ils savent qu’ils vont durer et qu’ils auront des rôles principaux longtemps après que les premiers rôles de l’époque seront oubliés. C’est d’ailleurs eux que les cinéastes et les cinéphiles préfèrent (à part évidemment les icônes de beauté ou les monstres de présence évidents) ceux qui jouent ceux qui doivent mourir, les méchants ou les gentils.

Alors merde, je vais aller foutre une balle dans la tête de ce crétin, partir avec sa meuf et zapper la dose de pathos du film, parce que ça fait vraiment chier d’être un stéréotype.

J'aime la musique

Cultiver son spleen, à la limite de l'extrême déprime, en essayant de pas tomber dedans. J'écoute des tonnes de musiques tristes en ce moment (si tu veux les écouter toi aussi, va voir mes podcasts, ouais je fais ma pub dans un billet d'humeur, j'ai pas le droit ?) que je savoure tranquillement avec tous les poisons que j'ai à proximité : cigarettes, vin, sucreries, matières grasses, plats préférés, porno, daria, parano, films indiens, films d'amour, jeux à la con... Mais je ne fais pas grand chose d'autre. Je ne sais pas si écrire des articles ou participer à un nouveau secteur RP compte vraiment comme une activité... mais j'écoute de la musique.

J'attends le printemps et seulement le printemps, j'attends les échecs programmés avec la constance de l'éléphant du zoo de la Palmyre. Et je pense, je panse, je réfléchis, je rêve, je fantasme, je dis vague, je mange mes pensées avec entrain, des fois je les écris aussi, parce que j'ai rien d'autre à faire de ma nuit et que de toute façon demain je ne me lèverai pas pour faire quelque chose. Mais je continue à écouter ma musique.

"Est-ce qu'on écoute des musiques tristes parce qu'on est malheureux ou est-ce le fait d'écouter des musiques tristes qui rend malheureux" disait à peu près le poète/marchand de disque Rob Gordon. Une question toujours en suspens (comme dans un film de Hitchkock) car même si j'étais totalement malheureux il y aurait toujours la musique pour me remonter le moral, et si j'étais dans une bonne phase, elle serait là pour me rappeler que tout bonheur , comme le malheur, n'est qu'éphémère. La musique, ce garde fou qui m'empêche de sombrer bêtement dans la léthargie la plus totale, est pareil à l'amour (mais l'amour ne se télécharge pas sur le net) capable de tant de choses sur mon esprit. Au moment où j'écris je réécoute "Suicide is painless", je fredonne silencieusement cette chanson que je connais par coeur. je ne pense plus à rien, ni malheur, ni bonheur, seulement la beauté de la voix et de la musique. La musique est un doux cocon.

La pire des choses que pourrait me faire la Nature, Dieu, le Destin ou le Hasard serait de me faire devenir sourd. Je perdrai alors la seule chose qui m'a fait avancer, vivre de manière constante ces dernières années au delà de l'amour, de l'amitié, du sexe, du cinéma, de la lecture, de l'art en général, des drogues, des études, des voyages... Vous remarquerez sûrement que toutes ces autres activités requièrent plus d'énergie et de temps que d'écouter de la musique et que c'est sans doute pour cela qu'elles passent en second plan. Mais la musique a besoin de tellement plus que d'énergie ou de temps. Je n'arriverai jamais à comprendre les gens qui parlent de musique en faisant abstraction des sentiments, se contentant de la classer ou de la noter machinalement, de la comparer au reste, alors que n'importe quelle chanson est un tout, simple et complexe.

Un morceau de trois minutes trente peut remettre en question un individu entier si elle le frappe au bon moment. Evidemment, plus on écoute de musique et moins on a de chances d'être frappé. Mais à chaque fois qu'une de ces frappes m'arrivent en pleine gueule pour tenter une mini révolution, je savoure avec joie l'instant et appuie sur la touche "repeat" même si je suis en retard, même si je l'ai déjà fait 27 fois, même si le clocher s'effondre... Quand le reste ne suit pas, il y a la musique, et tout le reste dans sa parfaite totalité serait bien fade sans la musique pour rythmer, swinguer, groover, danser parmi les silences, les bruits et les paroles. "The soundtrack of my life" disait la chanteuse. J'espère ne jamais être heureux sinon je serai obliger d'écouter des musiques entrainantes à longueur de journée, j'espère ne jamais être malheureux pour toujours danser au milieu du salon avec un casque sur les oreilles.

A ceux qui ne comprendront pas ces mots, laissez moi en paix écouter mes joyaux et continuer à vivre dirigés par votre seul esprit sans prendre votre dose de sentiments par l'intermédiaire d'une chanson. Le désir de découverte, cette curiosité musicale va de pair avec le style de vie que l'ont choisit. Evidemment si cela devient maladif, la vie prendra alors ce même chemin. Car c'est bien la musique, la pire de mes drogues, celle qui me fait le plus de bien ou de mal, qui me rendra sourd avant de choper un cancer du poumon, la seule dont je ne veuille pas me désintoxiquer, la seule que je partage sans scrupules, sans intérêt, sans retour... J'aime la musique.

[film] Crustacés & Coquillages

Ce film commence comme un mauvais film français de base, une famille moyenne (un papa, une mama, un fiston, une fifille) vont passer les vacances dans la maison d’enfance du père. Une histoire qui commence de manière banale, écrit et réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau, deux jeunes auteurs français. Un couple qui s’aère aussi. Mais il y a d’emblée certains détails qui font tilter dès le début. Le jeunot qui commence à se branler tranquille sur une petite musique badine, et qui va mine de rien enclencher tout un phénomène narratif sur un truc fabuleux, le ballon d’eau chaude, élément essentiel de la vie en vacances et donc de ce film. Puis il y a aussi les phrases qui sont répétées tout au long du film qui servent de repères comme celles sur les violets (les fameux coquillages).

Mais de suite, la schématique va se chambouler une première fois quand le meilleur ami de Charly, le fils vient pour passer les vacances avec la famille. Les parents se posent de suite des questions, tellement « ça crève les yeux ». Et ensuite, la fille va se casser « s’envoyer en l’air au Portugal avec un motard !! » dixit Marc, le père paumé (Melki, excellent, je vais le dire souvent, il faut vous y habituer) La mère semble s’en sortir mieux que le père « parce qu’elle est hollandaise » Donc a déjà le premier thème de l’homosexualité qui apparaît, et si au départ il est abordé très lourdement, avec pas mal de clichés (la définition ridicule du « coming out ») s’affine et finit le film avec une justesse rarement filmé.

Arrive ensuite le deuxième intrus, Mathieu (Jacques Bonnaffé), l’amant de Beatrix, la maman d’origine hollandaise ce qui explique le prénom ridicule qui vient faire valoir ses droits, tout en se faisant passer pour « un amant de vacances » qui surgit à l’improviste. Le couple se trouve redéfini, le mari devient cocu, mais toujours aimé et encore plus attachant. L’amant est encore plus cocu. Et Beatrix, en devient encore plus innocente. Tout va pour le mieux, mais cela dure un temps. Martin, le meilleur ami qui est réellement pédé a du mal à faire croire aux parents qu’il sort avec Charly qui lui ne l’est pas. Ensuite, Mathieu, va poser des problèmes à Beatrix. Seul reste, Marc, totalement impuissant aux infidélités de sa femme, puisqu’il n’est pas au courant, et aux supposés problèmes de sexualité de son fils.

Puis viendra le dernier intrus, Didier, le plombier homosexuel (Jean Marc Barr, égal à lui même), que Charly et Martin rencontrent « au coin des pédés » qui va foutre encore plus la merde avec des vieilles histoires, et je me tairais pour ne pas gâcher les surprises du film.

Ce qui me plait dans ce film, ce sont surtout les petits détails. Les phrases répétées plusieurs fois par différents personnages dans un contexte qui change, l’humour léger, qui contraste grandement avec les comédies bien grasses made in France, la musique badine et discrète, les scènes qui comme les phrases se répètent suivant les personnages (la fameuse scène de la branlette sous la douche, que tous les personnages expérimentent). Le film souffre autant qu’il joue avec les clichés, sur les homos, les ados, les garagistes, les hollandais. Certains dialogues font too much, mais les acteurs sont tous bons. Les ados jouent maladroitement quand ils doivent dire des trucs trop adultes mais paraissent sincères la plupart du temps. Valeria Bruni-Tedeschi joue très bien la polygames innocente et décomplexée, voire un peu cruche par moment. Mais surtout Gilbert Melki, l’excellent Melki, en père déboussolé, en hyperactif colérique, en mari cocu, en amoureux, en beauf moderne... beau, juste et extrêmement drôle, comme toujours.

Un film qui comme toute comédie romantique se termine bien., car si on devait la classer ce serait une comédie romantique à plusieurs voix, loin du « drame de société » que l’on aurait pu trouver avec des thèmes pareils. Ca se termine bien, mais pas de la façon dont on s’attend au début. Une fin très originale, qui se termine en comédie musicale (les réalisateurs avaient déjà réalisé « Jeanne et le garçon formidable » comédie musicale sur le sida) et qui clôture avec une vision originale de la famille, de la sexualité avec une ouverture d’esprit qui frôle l’optimisme niaiseux (mais un peu de cucul fait pas de mal)

Un film pile poil entre le petit film sympatoche qu’on oublie vite et le grand film à la française que l’on prime aux Césars ou dans n’importe quel festival de cinéma. Un film qui pourrait laisser indifférent s’il n’y avait ce je ne sais quoi d’insouciance, d’originalité, de bonheur non conventionnel. Un film léger, doux, drôle, juste et qui donnent terriblement envie de partir en vacances sur la côte d’azur.


Pour voir la bande annonce, des extraits et ce genre de connerie :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=57625.html