lundi 2 avril 2007

[Biographie] The Supremes

Dans les sixties il y avait dans la musique black une opposition féroce entre le label Motown (le raffiné de Détroit) et Stax (le bourru de Memphis) qui monopolisaient à eux deux le devant de cette scène. En effet pour faire découvrir la musique soul aux blancs ces deux labels utilisaient des moyens considérables, des auteurs de talents, des studios perfectionnés, des techniques commerciales pointues et des groupes de jolies filles. Je vais m’intéresser au plus connu d’entre eux : les Supremes.

Le groupe était composé à la base de trois chanteuses (Mary Wilson, Florence Ballard et Diana Ross), les musiciens n’ont que peu d’importance dans ce genre de groupe. L’histoire démarre en 1961 par le choix de la meneuse, de la soliste qui revenait à Berry Gordy le patron de Tamla Motown. Alors que Florence Ballard avait été initialement choisie pour tenir ce rôle grâce à sa voix gospel qui surpassait de loin celles des deux autres et surtout grâce à une fragilité et une douce émotion qui transperçait la scène, c’est Diana Ross qui la remplaça en 1964. Pourquoi ? Et bien on raconte que cette petite chipie était convaincue que si elle prenait le rôle de meneuse des Supremes, elle mènerait le groupe vers la gloire et il ne lui restait plus qu’à convaincre son patron. Pour cela elle s’enferma dans les toilettes du 1er étage du building West Grand Boulevard, siège de la Motown, pour se faire farfouiller le roudoudou par Berry Gordy. Lui, convaincu après cette expérience que la petite avait de l’ambition à revendre conseilla à la triplette d’auteurs maison (Holland, Dozier & Holland) de lui confier la lead voice.

Ce que les Supremes perdront en émotion et en voix, sera largement compensé par l’énergie et la présence de Diana Ross, et surtout par sa beauté féline et sensuelle. En 1964, après le premier passage du groupe à l’Ed Sullivan Show, le groupe fait un carton avec « Where did our love go » et commence à être connu dans toute l’amérique. Puis les succès vont s’enchaîner, comme « Baby Love » qui sera numéro un aux States et au Royaume Uni, « Come See About Me », « Stop ! In The Name Of Love », « Back In My Arms Again »... Le succès est total, la Motown s’en met plein les fouilles, mais dans le groupe les relations se sont dégradées entre Florence Ballard et Diana Ross. Et pour ne pas risquer de perdre le groupe, Berry Gordy licencie Florence sans ménagement, lui préférant son amante, celle qui lui avait gagné des centaines de milliers de dollars. Holland, Dozier & Holland quittent la Motown la même année, faisant baisser la qualité des chansons et donc les Supremes n’accèdent au top qu’une seule fois avec « Love Child ».

En 1970, Diana Ross quitte le groupe, laissant Mary Wilson comme seule membre de départ au sein de la formation et qui y restera jusqu’au bout malgré les nombreux remplacements (dix chanteuses différentes en tout). Le groupe ne sortira plus que des succès mitigés et s’arrêtera définitivement en 1976. Diana Ross explosera en solo dès 1970 avec « Ain’t No Mountain High Enough », ensuite elle fit un disque avec Marvin Gaye, devint star de cinéma, puis une des grandes figures du disco... Elle est actuellement en pleine forme et continue à sortir des disques. Quand a Florence Ballard, elle mourut en 1975 d’une crise cardiaque, à seulement 31 ans après une fin de vie plongée dans l’alcool, la drogue et les joies des boulots ingrats. Elle laissait derrière elle trois gosses et une carrière solo médiocre.

Ce qu’il faut retenir de ce groupe, c’est que ce fut le premier girls-band de l’histoire de la musique populaire à avoir eu un tel succès. L’ancêtre commun des plus ou moins bons groupes de musique black jusqu’à encore aujourd’hui. On pouvait voir ou entendre beaucoup de Supremes dans les Destiny’s Child, dans la voix de Laurin Hill, dans celle de Mary J. Blige, dans tout ce qui a été fait par des femmes dans la soul qu’elles soient blanches ou noires.

Personnellement je serai toujours attaché à ce groupe, parce que l’inconditionnel mielleux qui est en moi adore les bons sentiments et les chansons choux à la crème, et celles des Supremes en font partie. J’agiterai toujours les bras en baissant la tête quand j’entendrai par hasard l’intro martelée au piano de « Baby Love » (une des plus belles intros du monde), je brandirais toujours un poing rageur sur « Stop ! In The Name Of Love », je danserai toujours sur toutes leurs premiers 45 tours... Mais surtout je n’oublierai jamais « I Hear A Symphony », la plus belle de toutes, où leurs voix cristallines s’élèvent, se mélangeant à une musique si belle et si dansante à la fois que l’on est sans cesse partagée entre les larmes de joie et le désir irrépressible de bouger son popotin.

I Hear A Symphony, la plus belle de toutes

http://www.youtube.com/watch?v=B7T2Jy-xpb0

Baby Love, Top Of The Pops, 1964

http://www.youtube.com/watch?v=23UkIkwy5ZM

Deux morceaux avec les Temptations autre grand groupe vocal de la Motown, mais cette fois-ci exclusivement masculin, où l’on voit bien le charme naturel de Diana Ross s’exprimait.

http://www.youtube.com/watch?v=HIFuoDatv1I

Aucun commentaire: